Traduction d’un article de Ronald Rolheiser (texte original ici)
Saint Augustin a dit avec sagesse : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et nos cœurs sont sans repos tant qu’ils ne reposent pas en toi ». Mais la signification profonde de nos aspirations n’est pas toujours évidente à saisir.
Ultimement, la souffrance qui agite nos coeurs vient révéler notre soif de Dieu. Nous avons besoin de nous connecter à Dieu. Nous avons besoin de la prière. Nous le savons, tant dans nos moments de réflexion que dans nos moments de désespoir. C’est alors que nous ressentons notre besoin de prier et que nous essayons d’aller dans ce lieu secret. Mais nous avons du mal à y parvenir, étant donné notre manque de confiance et notre manque de pratique. Nous ne savons pas comment prier ni comment alimenter nos prières.
Que vous soyez débutant ou plus avancé dans la prière, ces 7 conseils vous encourageront dans votre pratique de la prière :
1. Se présenter assidûment à Dieu
Il n’y a pas de mauvaise façon de prier, ni de point de départ unique pour la prière. Une seule règle non négociable est proposée par les maîtres spirituels : il faut se présenter devant Dieu et le faire de manière régulière. Tout le reste est négociable et peut s’adapter à vos situations particulières.
La plupart du temps, nous ne prions pas, tout simplement parce que nous ne prenons pas le temps de le faire. La meilleure métaphore pour décrire nos vies pressées et distraites est peut-être celle d’un tunnel de lavage pour voitures. Pour la plupart d’entre nous, c’est exactement ce que nos journées font de nous — elles nous aspirent. La prière est vraiment une discipline. Montrez-vous, venez au rendez-vous de la prière !
2. Calmer son coeur
La solitude est une forme de conscience, une façon d’être présent et attentif à notre vie entière. C’est une dimension de réflexion dans notre vie quotidienne qui apporte la gratitude, l’appréciation, la tranquillité, le plaisir et la prière. Elle nous permet de percevoir, au milieu d’une journée ordinaire, que la vie est précieuse, sacrée et suffisante.
La solitude n’est pas quelque chose que l’on ouvre comme un robinet d’eau. Elle nécessite un corps et un esprit suffisamment lents pour être attentifs au moment présent. La première étape consiste à rester tranquillement en présence de Dieu en silence, seul et dans une attitude de prière. Si c’est la première fois que vous essayez, réservez 15 minutes à cet exercice.
3. Regarder à l’intérieur de soi
Notre culture peut nous divertir, nous occuper, nous préoccuper et nous distraire au point de nous faire perdre de vue les choses les plus profondes. Nous pouvons vivre ainsi pendant des années jusqu’à ce qu’une crise rende soudainement vides toutes les stimulations et les divertissements du monde. Nous sommes alors obligés de regarder au fond de nous-mêmes, et cela peut être un abîme effrayant si nous avons passé des années à l’éviter.
Nous devons réaliser lorsqu’il est temps de débrancher la télévision, de couper le téléphone, d’éteindre l’ordinateur, de faire taire l’iPod, de mettre de côté la page des sports et de résister à l’envie d’aller prendre un café avec un ami, afin que, pour un moment, nous n’évitions pas de nous lier d’amitié avec ce qu’il y a de plus profond en nous.
4. Établir une routine et s’y tenir
La solution n’est pas tant d’utiliser de nouvelles formes ou variétés de prière, mais plutôt de mettre en place un rythme, une routine, un rituel établi. Ce qu’il faut, c’est une forme de prière qui n’exige pas de nous une énergie que nous ne sommes pas en mesure de rassembler chaque jour.
Ce que les rituels clairs apportent, c’est une prière qui dépend de quelque chose qui dépasse notre propre énergie. Les rituels nous portent malgré notre fatigue, notre inattention, notre indifférence et même notre dégoût occasionnel. Ils nous permettent de continuer à prier même lorsque nous sommes trop fatigués pour rassembler notre propre énergie.
La prière a un flux et un reflux. Parfois, nous avons un sens profond de la réalité de Dieu, et parfois nous ne pouvons même pas imaginer que Dieu existe. Parfois, nous sommes profondément convaincus de la bonté et de l’amour de Dieu, et parfois nous nous sentons ennuyés et distraits.
Au niveau le plus profond des relations humaines, la véritable connexion se produit sous la surface de nos conversations. Nous commençons à nous connaître les uns les autres par une simple présence. Il en va de même pour la prière. Si nous prions fidèlement chaque jour, année après année, nous pouvons nous attendre à peu d’excitation, à beaucoup d’ennui et à des tentations régulières de regarder la montre. Mais un lien et une intimité se développeront sous la surface — un lien profond et croissant avec notre Dieu.
5. Être honnête, vulnérable, audacieux
Que signifie être saint ou parfait ? Dans la mentalité hébraïque, être parfait signifie simplement marcher avec Dieu, malgré nos défauts. Cela signifie être dans la présence divine en dépit du fait que nous ne sommes pas parfaitement entiers, bons, vrais et beaux.
Dieu nous demande de lui apporter notre impuissance, nos faiblesses, nos imperfections et notre péché, de marcher avec lui et de ne jamais nous cacher de lui. Dieu comprend que nous ferons des erreurs et que nous le décevrons, et que nous nous décevrons nous-mêmes. Ce qu’il nous demande, c’est simplement de « rentrer à la maison », de partager notre vie avec lui et de le laisser nous aider dans les domaines où nous sommes incapables de nous aider nous-mêmes.
Chaque sentiment et chaque pensée que nous avons est une entrée valable dans la prière, aussi irrévérencieux, impie, égoïste, sexuel ou colérique que cette pensée ou ce sentiment puisse paraître. En d’autres termes, si vous allez prier et que vous vous sentez en colère, venez avec cette colère ; si vous êtes préoccupé sexuellement, venez avec cette préoccupation ; si vous vous avez des envies de meurtre, venez avec ces envies ; et si vous vous sentez plein de ferveur et que vous voulez louer et remercier Dieu, venez avec cette ferveur. Ce qui est important, c’est que nous prions avec ce qui est en nous, et non ce que nous pensons que Dieu aimerait voir en nous. Quel que soit notre mal de tête ou notre mal d’amour, il suffit de l’élever vers Dieu.
6. Se débarrasser de l’anxiété et de la honte
Le contraire de la foi n’est pas le doute mais l’anxiété. Ce n’est pas tant la peur que Dieu n’existe pas que la peur que Dieu ne remarque pas notre existence. La foi ne vous fait pas croire que vous n’aurez pas de soucis, que vous ne ferez pas d’erreurs ou que vous et vos proches ne serez pas parfois victimes d’un accident ou d’une maladie. Ce que la foi donne, c’est l’assurance que Dieu est bon, qu’on peut lui faire confiance, qu’il ne vous oubliera pas et qu’il est fermement aux commandes. La foi dit que Dieu est réel, que Dieu est Seigneur et qu’il n’y a fondamentalement rien à craindre. Nous sommes entre de bonnes mains. La réalité est gracieuse, indulgente, aimante, rédemptrice et absolument digne de confiance. Notre tâche consiste à nous y abandonner.
Si nous voulons prendre au sérieux les paroles de Jésus, « Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle », alors la froideur et la méfiance que nous inspire la honte doivent être surmontées. La honte est puissante. Sa morsure est profonde, ses cicatrices permanentes.
Essayez de retrouver la chaleur, la confiance et la spontanéité de l’enfance dans vos prières avec Dieu, un Dieu qui se réjouit de vous et qui n’a que faire d’une honte paralysante. Jésus a dit : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15:12). La fin de cette phrase contient le défi. Jésus nous a aimés en devenant vulnérable au point de risquer l’humiliation et le rejet. Nous devons retrouver notre confiance d’enfant et essayer de faire de même.
7. Écouter la voix de Dieu et accepter son amour
Nous sommes entourés de nombreuses voix. Comment reconnaître la voix de Dieu parmi et au sein de toutes ces autres ? Dieu est l’auteur de tout ce qui est bon, que cela porte une étiquette religieuse ou non. Par conséquent, la voix de Dieu est présente dans de nombreuses choses qui ne sont pas explicitement liées à la foi et à la religion.
Jésus nous dit qu’il est le bon berger et que ses brebis reconnaîtront sa voix parmi toutes les autres. Une brebis reconnaît la voix de celui qui la protège et ne suivra pas une autre voix. La voix de Dieu est la voix de quelqu’un qui nous connaît intimement et qui appelle chacun de nous par son nom.
Nous tenons pour acquis que celui qui nous voit tels que nous sommes (mal aimés, faibles, pathologiques, pécheurs, insubstantiels) sera, en fin de compte, aussi déçu de nous que nous le sommes de nous-mêmes. Nous craignons Dieu parce que nous n’avons jamais fait l’expérience du type d’amour qui se manifeste en lui. Nous évitons Dieu lorsque nous avons le plus besoin d’amour et d’acceptation. Dieu est amour, et ce n’est qu’en laissant cet amour entrer dans notre vie que nous serons sauvés de la honte et de la tristesse. Dieu nous comprend, nous accepte, se réjouit de nous et est impatient de nous sourire. Faire l’expérience de l’amour inconditionnel de Dieu est la raison d’être de la prière.
Rappelez-vous : votre cœur est fait pour se reposer en Dieu. Si Saint Augustin a raison — et il a raison — vous pouvez compter sur votre agitation pour vous conduire à une prière plus profonde, une prière qui mène à la transformation et qui ne vous laissera pas les mains vides.