Je ne trouve plus la clé de la voiture

– « Je ne trouve plus la clé de la voiture. »

Nous venions de passer une après-midi en famille trop cool dans un parc aquatique, à 250 km de chez nous. Pour nos filles (6 et 8 ans), c’était le meilleur moment de nos vacances d’automne. Jusque là. 

Petit moment de frayeur. 

– « Elle est sûrement tombée dans un casier, je vais aller regarder », rajoute mon mari.

J’attends à l’entrée de la piscine, entourée de nos filles qui commencent à se demander ce qu’on va faire pour rentrer. La maison que nous louons pour les vacances se trouve à 40 minutes de route. J’essaie de les rassurer, cette clé ne peut pas avoir disparu.

– « Vous savez les filles », dis-je, « on peut prier pour que Dieu nous aide à retrouver la clé ». Et j’ajoute « Et aussi pour qu’il nous aide à bien vivre cette situation, quoi qu’il arrive ». Pressentiment ? 🤔

–  « OK ! On prie ! »

Et nous prions ensemble. 🙏
Je lève les yeux et je vois mon mari qui revient, bredouille.

Je suggère : « Peut-être qu’elle est tombée de ta poche et que quelqu’un l’a ramassée ? Tu veux aller demander à l’accueil ? »

Mais pas de clé à l’accueil.

– « Allons regarder près de la voiture, peut-être qu’elle est tombée là-bas. »

L’inquiétude monte un peu sur le chemin du parking. Mais pas de clé là-bas non plus. Mon mari soupire : 

– « Mince… Je crois qu’elle est restée dans le coffre lorsque j’y ai laissé ma veste, et j’avais verrouillé la voiture avant de fermer le coffre. »

Oups. 🙄

Il faut se rendre à l’évidence, l’hypothèse la plus probable est que la clé de notre voiture se trouve… dans le coffre verrouillé de notre voiture.

Il se trouve que par hasard, nous avons emporté avec nous le double de notre clé de voiture (ce que nous ne faisons d’habitude jamais en vacances). Mais celui-ci se trouve quand même à 40 km (ça aurait été trop beau qu’elle soit dans ma poche). Et la clé de notre maison de vacances est… dans l’habitacle de la voiture (qui est fermée, je le rappelle 🤓), quelque part dans le vide-poche à l’avant du levier de vitesse.

Bon, on fait quoi ? 

Il est 17h. Le sentiment de bien-être en sortant de la piscine n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Nos filles sont fatiguées et commencent à avoir faim. La seule chose d’utile que nous avons dans nos sacs, c’est le téléphone de mon mari. C’est déjà ça !

Je vous la fais courte : 

• on décide d’appeler notre assurance qui nous met en contact avec un dépanneur ;
• la dépanneuse arrive 1h plus tard ;
• le dépanneur décide qu’il est plus sage de ne pas forcer le coffre ;
• il arrive à enfiler une tige métallique dans l’habitacle, en forçant un peu la porte conducteur, pour y attraper le trousseau de clés de notre maison de vacances (on se croirait à la pêche aux 🦆).
• il propose de conduire mon mari jusqu’à la maison de vacances pour y chercher le double de la clé de voiture, malheureusement il ne peut prendre qu’un seul passager avec lui. 😭
• Le dépanneur et mon mari, au bout de quelques minutes de route, sont pris dans un bouchon de plusieurs kilomètres de long… 😱

Résultat : je me retrouve coincée de longues heures dans le hall d’entrée d’un centre aquatique qui ferme ses portes à la nuit tombante. Avec 2 filles fatiguées et affamées. Et sans téléphone. 😳
Et surtout avec cette question de ma fille aînée : « Pourquoi Dieu ne nous a-t-il pas aidés à retrouver la clé, alors qu’on lui a demandé ? »

Bonne question. 

Que se passe-t-il quand nos prières ne reçoivent pas de réponse favorable ? Comment réagissons-nous quand nos enfants, ou les jeunes de notre église, sont confrontés à ce qui semble être un silence de la part de Dieu ?

Je n’ai pas eu de réponse toute faite à donner à ma fille. Mais nous avons profité de ce temps de qualité malgré nous pour parler des histoires de la Bible où Dieu n’a pas répondu comme on aurait pu l’espérer. Il n’a pas évité la fournaise aux amis de Daniel. Il n’a pas retiré l’écharde dans le corps de l’apôtre Paul. Il n’a pas épargné la croix à Jésus.

J’ai pu aussi raconter une des grosses déceptions de ma vie. J’ai aussi avoué qu’il m’arrivait de ne pas comprendre ce que Dieu fait. Nous avons pris le temps de citer les raisons pour lesquelles nous pouvions être reconnaissantes dans notre situation. Nous avons discuté longtemps, de sujets sérieux comme de tout et de rien, nous avons inventé des jeux pour faire passer le temps. 

Et quelques heures plus tard, mon mari est revenu avec le double de la clé de notre voiture, et nous avons pu enfin rentrer (et manger !). 😅

Ce souvenir reste gravé dans nos mémoires à tous les quatre. Certes, comme un moment plutôt difficile à vivre pour nos filles, même si on préfère en rire à présent ! 😁
Mais pour moi, j’y ai vu une occasion donnée par Dieu de parler des déceptions dans nos vies spirituelles. Je ne sais pas ce que notre fille aînée a retenu de nos discussions. Mais je suis convaincue que nous devons saisir ces occasions de partager nos propres déceptions, nos propres interrogations par rapport à Dieu, les raisons pour lesquelles nous choisissons de continuer à croire et à lui faire confiance même dans ces moments-là. 

Ne cessons pas de lui présenter nos requêtes, de lui poser des questions, de le remercier pour les choses de nos vies qui vont bien. Et faisons-le ouvertement devant les jeunes qui nous entourent. Ils ont besoin de voir des personnes authentiques qui admettent leurs faiblesses, leurs incompréhensions, leurs doutes, mais qui continuent à espérer en un Dieu plus grand que leurs incertitudes, un Dieu qui donne à nos coeurs la paix que nul autre ne peut offrir.

« N’entretenez aucun souci. En toute situation, exposez vos besoins et vos souhaits à Dieu, en les lui faisant connaître avec vos prières. Intercédez avec confiance et sérieux, exposez vos requêtes avec précisions, sans oublier d’exprimer aussi votre reconnaissance. Alors la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera votre coeur et vos pensées, et les maintiendra dans la communion et sous la protection du Christ Jésus. » Ph 4:6-7 (Parole Vivante)

Anne Herrenschmidt Kohler