Article de Trevin Wax, publié le 18/06/2024, traduit avec l’aimable autorisation de l’auteur
De nos jours, nous ne prions plus autant à l’église.
Il suffit de demander à la plupart des pasteurs si leurs réunions de prière sont très fréquentées. Même le dimanche matin, la prière est souvent l’occasion d’un changement rapide de décor ou d’une transition, un moment pour déplacer les choses pendant que tout le monde a les yeux fermés. C’est comme si la prière devenait une couverture pour autre chose, comme si elle avait besoin d’accessoires pour être plus efficace et plus pratique.
La plupart d’entre nous luttons également avec la prière en privé. La prière semble inutile. La plupart du temps, nous ne nous sentons pas très proches de Dieu lorsque nous prions (même si je pense que c’est en fait une bonne chose). Nous ne voyons pas souvent de « résultats » — des réponses claires qui découlent indéniablement de nos prières. Nous ne pouvons pas mesurer la croissance spirituelle supposée qui, nous dit-on, devrait se produire.
Alors, à quoi bon ? Pourquoi passer du temps à genoux à méditer, à parler à Dieu ou à réciter des psaumes, si c’est pour n’avoir ensuite rien à exhiber ? Il doit bien y avoir un meilleur usage de notre temps, une autre façon d’atteindre et d’accomplir quelque chose qui compte.
La prière, inutile ?
Vous ne penserez jamais que la prière est une bonne utilisation de votre temps si vous pensez à la prière en termes d’utilité. Ce n’est pas le bon point de départ.
Pour que la prière ait un sens, nous devons changer de perspective. John Starke dit : « La prière est soit la plus grande des folies, soit la plus merveilleuse des nouvelles ». C’est de la folie s’il n’y a pas de Dieu et que nous ne faisons que parler aux murs. Elle est stupéfiante si la prière est une véritable communion avec Dieu au nom du Fils avec l’aide de l’Esprit.
Impact intérieur
Que se passe-t-il à l’intérieur de nous, lorsque nous prions ? Un réarrangement du cœur.
Voici une dure vérité : si votre vie de prière vous semble superficielle et sans profondeur, c’est généralement le reflet de la superficialité et du manque de profondeur de ce qui se trouve à l’intérieur de vous. La prière nous tend un miroir et nous montre l’état pathétique de nos cœurs. Nous passons d’une demande à l’autre pour ce que nous pensons vouloir, tout en passant à côté des désirs plus profonds que Dieu veut nous donner.
Avec le temps, la prière nous travaille de l’intérieur, nous invitant à la communion avec notre Père qui se réjouit de nous entendre, même lorsque nous paraissons puérils et immatures. Nous sommes ses enfants, il nous aime et il sourit de nous voir grandir dans la plénitude de la foi. Lorsque nous faisons écho aux paroles des psalmistes, lorsque nous joignons nos voix à celles des grands saints d’autrefois, lorsque nous nous imprégnons des Écritures, nous constatons que nos cœurs s’élargissent. La persévérance dans la prière conduit à la transformation de nos désirs.
Impact extérieur
Mais la prière ne concerne pas que nous, bien sûr. Nous prions pour le bénéfice des autres. Chaque fois que nous prions, nous nous joignons à un chœur de voix du monde entier qui se tiennent avec nous devant le trône de la grâce. Il n’est pas possible de prier seul le Notre Père, car quelqu’un, quelque part, prononce ces mots en même temps que vous, comme Jésus l’a demandé.
Prier, c’est faire preuve de générosité, c’est consacrer une petite partie de son attention aux besoins des autres. Prier pour quelqu’un, c’est l’accompagner, joindre son cœur et son esprit à une personne dans le besoin. La prière est la dissolution mystique de la solitude.
Trop souvent, nous pensons que la prière est une condition préalable à un véritable ministère. Mais Oswald Chambers avait raison : « La prière n’est pas une préparation au travail ; la prière est le travail« . Le travail intérieur de la prière nous tourne vers l’extérieur.
Pensez-y. Parce que Dieu est hors du temps, il peut répondre aux prières des siècles passés. Vous pouvez prier maintenant pour quelque chose que vous ne verrez jamais de votre vivant. Considérez vos prières comme des objets que vous lancez dans l’espace et qui continuent à flotter et à voyager dans l’univers jusqu’à ce que Dieu juge bon de les placer sur une orbite particulière et de les amener sains et saufs à la destination souhaitée. Dieu peut répondre à la prière aujourd’hui, ou l’année prochaine, ou dans mille ans. « Les prières ne meurent pas« , a écrit E.M. Bounds. « Elles survivent à la vie de ceux qui les ont prononcées. »
Direction ascendante
Rien de tout cela ne rend la prière facile. C’est difficile pour tout le monde. J’ai besoin d’aide, c’est pourquoi j’ai élaboré des guides de prière (en anglais), afin que mes intercessions spontanées et mes demandes personnelles soient encadrées par un régime de récitation de psaumes ou de lecture d’autres portions de l’Écriture. Mais même avec un guide, il est facile pour mon esprit de s’égarer. C’est un travail difficile que de rester concentré sur Dieu, de le louer pour ses attributs et d’élever vers lui les besoins des autres.
Pourquoi faire ce dur labeur ? Surtout lorsqu’il ne semble pas utile ?
Parce que Dieu est plus grand que nous. Lorsque nous prions, nous ne sommes pas dans le domaine des résultats et des statistiques, des « compromis », des « indicateurs » et des « mesures ». Nous ne sommes pas dans un monde de succès et d’échec. La prière nous apprend à lever les yeux vers le Dieu dont le premier et le plus grand commandement est de l’aimer de tout notre cœur, de tout notre esprit et de toute notre âme. Il n’est pas possible de mesurer ou de quantifier cet objectif. On ne peut que s’abandonner à ce désir et à cette direction.
La raison pour laquelle le Dieu trinitaire nous appelle à converser avec lui, a écrit Tim Keller, c’est « parce qu’il veut partager la joie qu’il a. La prière est notre façon d’entrer dans le bonheur de Dieu lui-même« .
Inutilité glorieuse
Est-il utile d’aimer son conjoint ? Est-il efficace de passer du temps avec ses enfants ? Votre conversation avec un ami proche est-elle productive ? Des termes comme « utile », « efficace » et « productif » sont ridicules lorsqu’ils s’appliquent à nos relations les plus étroites. Nous ne parlons pas ici de ce qui nous semble pratique et utile. Nous sommes dans le domaine de l’amour. Il s’agit de joie.
Alors, prenez courage. La prière est inutile, glorieusement, parce que la prière ne peut pas être utile. La prière n’est pas un instrument, mais une fin. Son couronnement est la proximité avec Dieu et la joie qui vient de sa présence. Souvenez-vous de cette vérité jusqu’à ce que le labeur devienne votre adoration.