Si la prière était facile, le Nouveau Testament n’aurait pas besoin de nous dire si souvent de persévérer et de persister dans la prière.
Article de Trevin Wax, publié le 13 mars 2025, traduit avec l’aimable autorisation de l’auteur
Tu dois persévérer pour grignoter ce paquet de chips.
Tu dois persévérer pour regarder un autre épisode de ta série préférée.
Tu dois persévérer pour faire une sieste un dimanche après-midi.
Étranges instructions, non ? C’est parce que nous réservons le mot « persévérance » aux tâches difficiles – quelque chose qui n’est pas facile, mais qui apporte une grande récompense.
Pourquoi la prière est difficile
L’une des meilleures façons d’initier les gens à des pratiques spirituelles telles que la prière, la lecture de la Bible et la fréquentation de l’église n’est pas d’exagérer la facilité avec laquelle il est possible d’adopter ces habitudes, mais de leur rappeler à quel point elles peuvent être difficiles. Les habitudes spirituelles sont difficiles. Elles exigent des efforts et de la discipline.
Le Nouveau Testament nous exhorte à persévérer dans la prière parce qu’il est si facile de ne pas prier. Lorsque Jésus nous a dit de « toujours prier sans se décourager » (Lc 18:1), il a laissé entendre que l’abandon serait le chemin le plus facile. Il a dit aux disciples de veiller et de prier à Gethsémané parce qu’il savait qu’ils pouvaient facilement relâcher leur attention et s’endormir (Lc 22:40, 46).
Lorsque Paul a repris ces commandements – en nous appelant à « persévérer dans la prière » (Rm 12:12) ou à nous consacrer à la prière, « à y veiller dans une attitude de reconnaissance » (Co 4:2) – c’est parce qu’il savait combien il est facile de relâcher la pression, de laisser notre attention dériver, de diminuer notre dévouement. Face aux luttes, il nous est rappelé de « prier sans cesse » (1 Th 5:17), d’avancer dans la foi, même lorsque les réponses semblent tarder.
Il ne s’agit pas là des commandements d’un moraliste sans joie qui nous ordonne de manger nos flocons d’avoine simplement parce que c’est bon pour nous. Ils ressemblent davantage à l’encouragement que nous recevons d’un entraîneur qui nous guide dans un match épuisant. Ou à celui d’un commandant qui tient la charge lorsque nous sommes tentés d’abandonner le combat. C’est important : la prière fait partie de la bataille. C’est un aspect essentiel de la vie chrétienne, et non un prélude à ce que nous considérons être le véritable ministère. Comme le dit Vance Pitman:
« La prière n’est pas ce que nous faisons avant de nous mettre au travail.
Vance Pitman
Prier, c’est travailler, et Dieu oeuvre ensuite ».
Quand la prière semble inutile
Le problème, trop souvent, est que nous ne voyons pas les résultats de nos prières – ni le travail immédiat de l’Esprit qui gémit en nous et à travers nous, ni les résultats futurs que nos prières pourraient permettre d’accomplir. Nous parlons à Dieu et nous nous demandons si nous ne parlons pas simplement aux murs, comme quelqu’un qui marmonne dans la cellule d’un asile.
La vie fournit souvent de bonnes raisons de remettre en question le pouvoir de la prière.
N. T. Wright souligne la morosité du poème « Folk Tale » de R. S. Thomas, qui décrit la prière comme quelqu’un qui se tient à l’extérieur d’une maison, essayant d’attirer l’attention en jetant des cailloux sur une haute fenêtre. L’effort semble inutile et l’on cesserait de jeter des pierres s’il n’y avait pas, de temps à autre, le tressaillement d’un rideau. Ce n’est pas ce qu’est vraiment la prière, bien sûr, mais c’est une représentation honnête de ce que l’on ressent parfois. Cela me rappelle la douleur fulgurante que C. S. Lewis a décrite après la mort de sa femme, Joy :
« Allez à lui quand votre besoin est désespéré, quand toute autre aide est vaine, et que trouvez-vous ? Une porte claquée au nez et un bruit de verrous et de doubles verrous à l’intérieur. Ensuite, c’est le silence. Autant tourner les talons. Plus vous attendez, plus le silence se fait insistant. Il n’y a pas de lumière aux fenêtres. C’est peut-être une maison vide. »
C.S. Lewis
Celui qui persévère dans la prière ressentira un jour ou l’autre la présence palpable de l’absence de Dieu. Les saints d’autrefois parlent de moments où ils ont eu l’impression que Dieu s’était éloigné d’eux, même si plus tard ils ont cru que cette absence apparente était un appel divin à se rapprocher du vrai Dieu, et non des illusions dont nous nous contentons souvent.
La prière n’est pas censée être confortable. Comme le dit souvent Kyle Strobel, dans la prière, nous nous approchons du feu purificateur de Dieu, et c’est alors que toutes nos impuretés sont évacuées. Nous ne faisons pas quelque chose de mal lorsque nous nous sentons inadéquats ou lorsque notre esprit s’égare dans mille directions. Les priorités et les désirs de nos cœurs sont exposés au feu purificateur qui nous façonne.
Pourquoi persévérer ?
Nous sommes appelés à persévérer dans la prière parce qu’il est important de rester éveillés, de rester attentifs, de veiller sur nos âmes alors que nous aspirons à la présence de Dieu dans notre vie quotidienne.
Si nous pensons que la prière est facile, qu’il s’agit d’une friandise à savourer avant ou après une longue journée, nous risquons de nous éloigner de cette pratique lorsqu’elle ne nous semblera pas agréable. Nous passons à côté de la vérité plus profonde, à savoir que la prière est plutôt une épée que nous portons au côté, nous préparant à la guerre spirituelle. Nous ne savons pas quel rôle nos prières jouent dans la bataille spirituelle en cours autour de nous. Mais nous croyons – même si nous ne pouvons pas voir – que la prière change les choses, qu’il se passe plus de choses en nous et autour de nous que nous ne pouvons l’imaginer.
Nous persistons donc à frapper à la porte. Nous résistons à l’ennui. Nous poursuivons notre route malgré la lassitude. Nous attisons les braises de nos cœurs souvent refroidis, ravivant nos affections pour le Dieu qui promet de nous rencontrer dans ces moments de silence. Comme l’a écrit Lewis au cours de la dernière année de sa vie,
L’un des buts pour lesquels Dieu a institué la prière est peut-être de témoigner que le cours des événements n’est pas régi comme un état, mais créé comme une œuvre d’art à laquelle chaque être apporte sa contribution, une contribution consciente (dans la prière), et dans laquelle chaque être est à la fois une fin et un moyen.
C.S. Lewis
Dieu peint un chef-d’œuvre. La prière est notre contribution en tant que chrétiens. La prière est notre devoir en tant que disciples. La prière doit être notre plaisir en tant que passionnés de Dieu.
Trevin Wax