S’il y a bien une journée qui se doit d’être parfaite, c’est celle de la célébration d’un mariage.
Les festivités ont été soigneusement planifiées à l’avance, les invitations envoyées dans les temps, la décoration et le menu fignolés jusque dans les moindres détails. Tout est prêt, impeccablement préparé.
Les mariés sont sur leur trente-et-un, les invités sont là: la cérémonie peut commencer! Familles, amis et voisins assistent avec émotion à l’engagement solennel du jeune couple. Les visages sont rayonnants, les rires et les acclamations fusent, des mets plus appétissants les uns que les autres ravissent les palais, le vin coule à flot… Tout est parfait. Ou presque.
Ils n’ont plus de vin.
Jean 2:3
Mauvaise estimation? Problème de livraison? Erreur de communication? Quelle qu’en soit la raison, il n’y a plus de vin, et c’est plutôt fâcheux lors d’une telle fête!
J’imagine la tension grandissante dans l’esprit de ceux qui sont les premiers confrontés à ce terrible constat. Que vont penser les invités? Quel déshonneur pour les hôtes, qui risquent de passer au mieux pour des écervelés, au pire pour des rapiats…
J’imagine les tentatives désespérées de trouver une solution : diluer le peu de vin restant (s’il en reste…) avec de l’eau? Envoyer un serviteur à la ville voisine supplier l’un des commerçants d’ouvrir sa boutique pour trouver quelques outres supplémentaires?
Ils n’ont plus de vin.
Telles sont les paroles de Marie, l’une des invités, à son fils, Jésus.
En relisant ce passage pour la énième fois, je suis frappée par les deux phrases prononcées par Marie à l’occasion de ce mariage fameusement connu sous le nom des « Noces de Cana ».
« Ils n’ont plus de vin » : simple information? Indignation? Prière muette ou supplication? Et quelques lignes plus tard, s’adressant aux serviteurs chargés de l’approvisionnement de la fête: « Faites tout ce qu’il vous dira » : soumission, obéissance aveugle, confiance absolue?
Entre ces deux phrases, une réponse un peu mystérieuse de Jésus, qui a donné lieu à de nombreuses traductions et interprétations: « Femme, que me veux-tu ? ».
Ce qui m’interpelle, ce sont les mouvements successifs dans l’attitude de Marie:
➡️ elle arrive à la rencontre de Jésus chargée d’une préoccupation;
⬅️ elle ressort de cette rencontre animée d’un nouvel élan.
J’y vois une image de la prière, cette « respiration de l’âme ».
➡️ Bien des fois je m’approche de Dieu à la manière de Marie, avec mon lot de questions, d’incompréhensions, d’aspirations. Comme elle, je lui dépose sans trop de manières mes besoins, ceux de mon entourage: « je n’ai plus de force », « il n’a plus de travail », « elle n’a plus d’espoir »… Je me lamente, exposant à demi-mot ou parfois de manière ouverte mon mécontentement, ma souffrance, ma consternation.
J’étends mes mains vers toi;
Psaume 143:6
Mon âme soupire après toi, comme une terre desséchée.
J’arrive aussi souvent dans cette rencontre de manière éparpillée et déconcentrée, fixée uniquement sur moi-même et pensant que Dieu me doit tout, ou à l’inverse, tremblante et doutant même qu’il ait le temps de m’accorder un regard. En tout cas, je m’approche rarement de Dieu « comme il faut », avec humilité, avec révérence, avec une pureté dans mes intentions…
Et pourtant, n’est-ce pas ainsi que notre Père céleste nous accueille, les bras ouverts, tels que nous sommes?
Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.
Philippiens 4:6
Cela reste un mystère pour moi que Dieu s’intéresse à mes préoccupations. Et pourtant, c’est ce qu’il fait, fidèlement. Chaque soupir est entendu, chaque larme est recueillie, chaque besoin est attentivement considéré.
Et dans le mystère de cette rencontre, même si la réponse reçue n’est pas forcément celle que j’attendais (ou bien même lorsque je ne la perçois pas!), se produit un changement en moi.
⬅️ Lorsque je prends le temps de me mettre réellement à son écoute, je ressors de mes conversations avec Dieu avec un regard différent sur les choses qui m’entourent. Ce n’est pas toujours immédiat! Parfois j’aurai besoin de plusieurs entretiens avec le Créateur pour qu’il brise mon orgueil ou m’apprenne à lâcher prise.
Mais comme Marie, je repars dans mon quotidien avec une impulsion nouvelle, une certitude jusque là inexistante que Dieu est au contrôle de la situation.
J’entrevois de nouvelles possibilités, j’accepte mieux le rôle que j’ai jouer (ou pas!) dans une situation donnée, je reconnais plus facilement ma petitesse, je me soumets à l’infinie sagesse de Celui qui peut tout, et je suis davantage prête à admirer son oeuvre dans ma vie et celle de ceux qui m’entourent.
Prête à voir l’eau se changer en vin.
Prête à voir un mariage presque parfait devenir une célébration plus que parfaite.
Je t’ai dit tout ce que j’ai fait et tu m’as répondu,
Psaume 119:26-27
Apprends-moi ce que tu veux.
Fais-moi comprendre le chemin de tes exigences,
Et je réfléchirai à tes actions magnifiques.
Anne Herrenschmidt Kohler
Merci Anne d’avoir pris l’attitude de Marie comme exemple. A plus d’un titre, elle offre aux chrétiens un très bel exemple de foi, qui mériterait d’être plus commenté dans les milieux évangéliques.