suite de l’article : « 15 minutes, c’est long ! »
« L’Éternel est mon berger ».
Il y a un mois, ma voisine m’annonce la naissance de son neveu. Nous nous réjouissons ensemble.
Le lendemain, elle m’apprend son hospitalisation pour un problème cardiaque.
Puis son opération à cœur ouvert.
Évidemment, je prie. Nous prions.
« Même quand je marche dans la sombre vallée de la mort, je ne redoute aucun mal, car tu es avec moi ».
Psaume 23
Ce n’est pas moi qui suis en train de traverser la sombre vallée. Pas moi non plus qui veille mon petit posé inconscient dans une couveuse d’hôpital.
Les heures passent et les péripéties se succèdent. Son pronostic est mauvais. La première opération n’aurait pas « tenue ». Il a été mis sous circulation extra-corporelle.
Je repense alors à cette longue chaîne de prières dont je parlais dans un autre post. J’évoque cette expérience à ma voisine qui me prend au mot.
Le relai recommence. Avec d’autres personnes : d’autres chrétiens, dont certains ne connaissent même pas cette famille. Nous ne nous connaissons pas non plus les uns les autres. Nous avons simplement noté notre nom dans la case d’un fichier Excel et nous nous sommes engagés à prier 15 minutes ici et là pour un enfant. Il y a George, Anne, Priscille, Albert, Pépé ou encore André.
Nous avons le même Dieu. C’est notre unique point commun. Un Dieu qui est l’Éternel. Un berger. « L’Éternel est mon berger. Je ne manquerai de rien ». La chaîne de prières se déroule une heure après l’autre, un jour après l’autre.
« Oui, le bonheur et la grâce ».
Prier ce psaume m’aide à rester centrée sur Dieu. Dieu ne nous promet pas que notre vie sera longue, rose ou tranquille. Il nous dit que nous marcherons dans la sombre vallée. Mais il nous dit aussi que le bonheur et la grâce seront attachés à nos vies. Comment concilier ces deux réalités ? Comment peuvent-elles faire sens dans une chambre d’hôpital où un bébé est entre la vie et la mort ?
Aujourd’hui, cet enfant est toujours en réanimation*. Je ne sais pas comment Dieu interviendra. Mais je sais qu’il entend nos prières. Et plus je prie, plus j’apprends à le connaitre. Dieu est celui qui, par amour, est venu jusqu’à moi en Christ. En Christ, par amour, il n’a pas seulement traversé la sombre vallée de la mort, mais qui est véritablement mort. Il a enduré la douleur, la honte, la solitude pour que je ne sois jamais seule dans cette sombre vallée.
« L’Éternel est mon berger. Je ne manquerai de rien ». Prier pour cet enfant met mon cœur à nu. J’ai peur de manquer. Peur de manquer du nécessaire. Peur de perdre ceux que j’aime. Quel acte de foi que de dire, au chevet de son enfant malade : « je ne manque de rien » ! Il ne s’agit pas d’auto-persuasion ni d’une sorte de méthode Coué. Il s’agit de saisir qui est réellement ce berger.
Je comprends que Dieu est plus que celui qui pourvoit à mes besoins. Il est celui-là même qui est me comble. Celui que je ne peux pas perdre. Celui qui remplit tous mes manques, avec lui-même. Il est la grâce et le bonheur dont ma vie a besoin maintenant, demain, dans la sombre vallée.
« Il me fait prendre du repos dans des pâturages bien verts, il me dirige près d’une eau paisible. Il me redonne des forces ».
Oui, je prie pour que du repos, de la paix, des forces nouvelles soient donnés à cet enfant et à ses parents. Mais ce cheminement au travers du psaume 23 m’amène à prier pour bien plus : pour que Dieu nous donne de comprendre toujours plus, à eux comme à moi, qui il est vraiment. Il est un Dieu bon et plein de grâce qui a lui-même connu les manques les plus profonds pour que nous puissions être comblés de sa vie — une vie abondante, débordante. Et cela même quand nous marchons dans la sombre vallée, même quand nous sommes penchés sur un petit lit d’hôpital, et que la vie d’un enfant est en jeu.
« Tu dresses une table devant moi, en face de mes adversaires ».
Le psaume se dévide comme un cocon et il me rappelle que la mort, ce dernier ennemi, est déjà vaincue. Elle ne pouvait pas retenir Jésus ; lui dont la tombe reste vide, béante, ouverte pour qui a besoin de s’assurer qu’il est bel et bien ressuscité.
Dieu dresse une table. Il se fait serviteur, il met le couvert. Il m’invite à sa table où tous deuils de cette vie terrestre trouveront, un jour — un jour de fête —, leur résolution.
Finalement, c’est pour moi que je finis par prier ce psaume. Pour que l’espérance de cette fête vienne changer ma manière de voir mes circonstances de vie. Pour que la lumière de la fête à venir brille si fort qu’elle éclaire mes sombres vallées et me donne de voir ce bon berger marcher à mes côtés.
Miryam Lott
* mise à jour du 30/05/2023 : « Cet enfant aura 4 mois dans quelques jours. Il a pu sortir de réanimation il y a 15 jours. Il est toujours hospitalisé, mais le risque vital est écarté. L’alimentation reste encore difficile et il est probable qu’il doive à nouveau subir une opération — de moindre importance — dans les mois à venir. La famille a hâte d’être à nouveau réunie et de rentrer à la maison ».